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La chute libre de la valeur des idées…

Les idées et les connaissances générées par l’IA peuvent devenir obsolètes rapidement en raison de l’accélération continue des technologies. Par Xavier Comtesse & Christophe Saam



Avec l’intelligence artificielle (IA), et son immense capacité à gérer des idées nouvelles, pourrions-nous dire, par analogie, comme Karl Marx l’avait fait pour le taux de profit dans son livre Das Kapital en 1867, que nous avons à faire face aujourd’hui à une baisse tendancielle de la valeur des idées.


Dans le modèle de Marx, une augmentation du capital constant par rapport au capital variable réduisait le taux de profit. De manière analogue, une augmentation du «capital constant» en intelligence artificielle (comme les systèmes de génération d’idées et d’innovations) par rapport au «capital variable» humain (créativité humaine et réflexion critique) pourrait-elle dévaloriser les idées générées par l’IA, en saturant le marché de la pensée novatrice avec des solutions produites à très bas coût?


Cette question est fascinante et mérite une réflexion approfondie. Examen en sept volets.

1. Contexte économique et technologique: augmentation de l’offre d’idées


L’IA, en particulier les modèles d’apprentissage profond et les systèmes génératifs, peut produire une quantité astronomique d’idées, de contenus et de solutions. Générer une image originale, une chanson à succès, un logiciel ou un nouveau médicament est incomparablement plus rapide qu’auparavant. Cette prolifération pourrait, théoriquement, dévaloriser chacune de ces idées en raison de la grande offre par rapport à la demande.


2. Vers une obsolescence rapide des idées


Les idées et les connaissances générées par l’IA peuvent devenir obsolètes rapidement en raison de l’accélération continue des technologies. Un concept novateur pourrait perdre sa pertinence ou son exclusivité beaucoup plus vite qu’auparavant.


3. Dévaluation des idées: abondance et banalisation


Plus une ressource est abondante, plus sa valeur tend à diminuer. Ce principe économique peut s’appliquer aux idées produites par l’IA: si chaque individu ou entreprise peut accéder instantanément à des idées de qualité, la valeur perçue de ces idées peut diminuer.


4. Automatisation et créativité


L’automatisation de la créativité peut également entraîner une homogénéisation des idées. Lorsqu’on produit en masse des concepts similaires, la valeur unique ou exceptionnelle d’une idée peut s’éroder.


5. Pression sur les travailleurs intellectuels


La concurrence peut pousser les travailleurs intellectuels à se surpasser continuellement pour produire des idées inédites et plus complexes, rendant ainsi le travail intellectuel plus ardu et potentiellement moins gratifiant, tant financièrement que personnellement.


6. Innovation continue


Les tendances technologiques montrent que, même en présence d’IA, l’innovation ne cesse de se réinventer. La capacité à intégrer de nouvelles idées, combiner des technologies diverses, et créer des «idées méta» (idées de deuxième ordre qui combinent et améliorent d’autres idées) pourrait créer des niches de très haute valeur.


7. Propriété intellectuelle


La propriété intellectuelle à récompenser les inventeurs et les créateurs pour leur génie inventif et leur travail. Mais à quoi sert-il de protéger les inventions et les œuvres artistiques si elles peuvent être générées à profusion pour un coût marginal?

L’idée d’une «baisse tendancielle de la valeur des idées» à l’ère de l’IA est une hypothèse intrigante et certainement digne d’investigation. Elle pose des questions sur la nature de la valeur des idées dans une économie dominée par l’abondance d’information et la rapidité de l’innovation technologique.


L’IA va-t-elle effectivement dévaluer certaines idées en raison de l’abondance et de la rapidité de production comme certaines entreprises (cf. les suisses Iprova ou WeTweak) le proposent notamment dans le dépôt de brevets ou la création musicale?


Article publié dans l'AGEFI, par Xavier Comtesse & Christophe Saam

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