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Genève & le trading, une affaire de mathématiques !

Le négoce de matières premières requiert la maîtrise d'outils sophistiqués, utilisés par Vitol, Cargill, Trafigura, Mercuria ou Gunvor qui ont tous des bureaux dans la cité de Calvin. Par Xavier Comtesse & Philippe Labouchère



Louis Bachelier, Harry Markowitz, Fischer Black ou encore les prix Nobel Myron Scholes et Robert Merton: ces noms, inconnus du grand public, ont contribué à construire les bases de la mathématique financière nécessaire à modéliser la complexité des marchés, notamment ceux des matières premières. Fait d’achats et de ventes à terme, short ou long, avec des conditions sur les livraisons et d’autres facteurs comme les risques géopolitiques (par exemple des agressions sur les cargos en mer Rouge), ces échanges sont d’une complexité de modélisation à nulle autre pareille.


Aujourd’hui encore, le quatuor maths – ordinateurs – données – intelligence artificielle(IA) forme la pierre angulaire qui assiste les traders. Aux commandes devant de multiples écrans, ces derniers tirent les ficelles et actionnent les rouages d’un monde connecté. Leurs salaires, mirobolants, font actuellement la richesse de Genève.


D’ailleurs, la cité n’est qu’une des six places qui comptent dans ce business. New York, Londres, Chicago, Shanghai, Dubaï sont les concurrentes. Les chiffres d’affaires des maisons de trading se comptent en billions. Vitol, Cargill, Trafigura, Mercuria, Gunvor ont tous des bureaux à Genève et sont parmi les leaders mondiaux du commerce de matières premières. Leur insolent succès fait de la cité de Calvin une ville riche.


Déjà dans les années 1920, une petite soixantaine d’entreprises sont actives dans le négoce sur le territoire suisse. En 1929, leurs chiffres d’affaires combinés atteignent alors déjà presque 50 milliards de nos francs actuels. En 2023, les chiffres ont pris l’ascenseur: à elle seule, Vitol, totalise plus de 500 milliards de francs pour plus de 15 milliards de bénéfice. On estime que plus d’un tiers du pétrole est échangé par des sociétés suisses, 60% des métaux, la moitié des céréales et 40% du sucre.


Dès leur début, les sociétés négociantes sises en Suisse bénéficient de quatre avantages concurrentiels majeurs:


- Des capitaux en abondance, permettant de soutenir d’importantes opérations commerciales tout en entretenant un réseau mondial de représentations, filiales et contacts.


- Une fiscalité attrayante telle que pratiquée par les cantons, attire ces entreprises qui ne font qu’orchestrer les échanges de biens sans les faire transiter par le territoire.


- Comme le souligne Cédric Humair dans son dernier livre: «l’absence d’ambitions coloniales couplée à une neutralité confèrent à la Suisse une position privilégiée. Les relations d’affaires peuvent être développées partout dans le monde avec la bienveillance des Etats indépendants et celle des puissances colonisatrices.»


- Un réseau de compétences humaines de premier choix issu du cluster genevois.

Ainsi ces conditions cadre, notamment la taxation ont, au cours de l’histoire, fait et défait les places mondiales du négoce dans certaines villes favorables à leur essor. Toutefois, on peut imaginer que demain, dans un monde totalement connecté par des «clouds IA à forte composante algorithmique» qui fonctionnent partout, en tout temps et sans latence, une certaine transposition des activités ait lieu dans un nuage couvrant la planète. Glencore, perdue toute seule à Zoug, en est une preuve.


Par Xavier Comtesse & Philippe Labouchère

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